TRANCHE DE VIE | CHRONIQUE D’UNE AMBITION DÉCUE
L’ambition est le dernier refuge de l’échec – Oscar Wilde
« En revenant de Nantes. En revenant de Nantes, de Nantes à Montaigu…. »
Louis Rastaquet se fredonnait à lui même cette innocente comptine en marchant d’un pas vif vers la salle de réception de l’hôtel fort étoilé où se tenait le pot d’accueil du programme « WorldClass Leadership ».
Enfin on avait reconnu ses mérites: 5 ans à attendre, 5 ans à demander chaque semaine à Vend-sa-mère (L’aimable surnom de son chef, directeur commercial dont l’ambition surpassait la proverbiale lâcheté) quand il pourrait enfin aller à ce séminaire hors-classe. Rastaquet était un haut potentiel, sa carrière l’amènerait vers les sommets. Remplacer Vend-sa-mère à la Direction commerciale n’était qu’une première étape qui aurait déjà dû être franchie il y a longtemps…
Mais pour être vraiment reconnu, il fallait passer par le WorldClass Leadership Programme du prestigieux Institut Global d’Administration du Business, à Rambouillet. Là, près de la forêt, on formait dans un décor bucolique et chlorophyllien les leaders de demain aux secrets du management exécutif. Voila pourquoi il fredonnait, le Rastaquet, en entrant dans la salle de réception de l’Aigle Jaune, rejoignant ainsi la future fine-fleur du monde des affaires
Au petit déjeuner il avait déjà croisé plusieurs de ces jeunes loups aux tenues « smart casual » très étudiées… il se sentait des leurs, prêt à mordre là où on lui dirait de mordre.
Mais il oubliait, notre Rastaquet, que pendant trois ans ses performances avaient été moyennes, et que son équipe n’en pouvait plus de lui. Il oubliait que Vend-sa-mère lui-même, qui avait pourtant été son sponsor le plus zélé il ya quelques années, commençait à en avoir plein la musette de ses ambitions et de ses rappels continuels du stage à l’INGAB.
Il oubliait aussi ce que Vend-sa-mère lui avait dit juste après avoir signé la réservation du stage: « Ecoutez Louis, vous allez le faire ce séminaire, mais après il va vraiment falloir être à la hauteur. »
Kevin Dewulf, dit Vend-sa-mère, lui donnait en réalité une dernière chance après 5 ans d’une carrière sans étincelle aucune, et où Rastaquet n’avait brillé ni par ses qualités professionnelles, ni par ses vertus propres.
En fait de jeune loup, il n’était qu’un basset, et même pas artésien
Faire confiance aux hommes, c’est déjà se faire tuer un peu – Louis Ferdinand CELINE
– Remerciements à mon ami de toujours, Bruno Colomb grand DRH devant l’eternel –
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